incertain regard – N° 11 – Novembre 2015
Carte blanche à Cécile Guivarch
Jasmine Viguier
ciels et nez encombrés la lumière de là-bas
comme une lame de fond au cœur d’ici pas
vivrattendre
je mets en carton mon amour aux ailes
froissées ma très grande fatigue et tous
les possibles imaginés dans la très
grande maison où le miracle a eu lieu
j’emballe papier bulle l’ensemble avec
précaution croise les doigts crache trois
fois par terre que rien ne casse
un peu maman tête empaquetée parfois
de trop s’exiger à coup de mieux mieux
mieux et jamais ça va son buro ses
papiers ses petits mots loin loinloin
éveillée pas la lune inquiétude dans les
narines une odeur de cuisine j’écris au
bord du lit par-dessus toi qui grogne tout
contre moi j’écris au milieu de la nuit
entre deux de tes réveils puisqu’il n’y a
plus ni soir ni matin
retour à la ville sous une pluie du temps
d’avant les rires et la vie recommencée
sous le ciel d’ici dans une maison où se
blottir les jours de gris un soupçon de
méditerranée blanche et bleue sa courette
à l’horizon rayé d’un fil à linge