incertain regard – N°16 – Eté 2018
Deux poèmes extraits d’Encres de songerie, recueil en cours
Si le grand tour…
Si le grand tour les recousait, ces ailes déportées
aux rendez-vous manqués de paysages ?
– ourlets se recherchant par un pli ou l’autre,
comme empêchés de toujours, mal jointifs,
embrassements n’en pouvant plus de ramener l’épars
à ce qu’eux-mêmes ignorent…
Qu’importerait le point pourvu qu’il soude ?
Le fil serait le souffle long, le corps allant une aiguille,
les piqûres
penser par élancements
sans la douleur à s’enrouer sur la pierraille
mais la feutrée, l’ovale, la diffuse
qui fait froncer les yeux sous la lampe soleil.
Souvent jusqu’à la ferme…
Souvent jusqu’à la ferme isolée survivante
accrochée au coteau des arrêts puis retours
que la placidité masticatoire du troupeau
de vaches même pas déçues dans le pré sec
fait ressortir à contre bleu quand on y monte
Le chien connaît si bien les pauses envisageables
qu’à l’approche il coule un regard oblique
et celui de là-bas, grandi entre portail et meules,
sabre de la queue en humant, sa réponse à l’appel
Un ciel d’entrevision d’autres grandeurs qu’un ciel
plane sereinement, médite aussi sans doute
On le devine aux quelques nuages fous
qu’il laisse lui chiper le soleil au passage
sans un agacement pour les chasser.