MALTAVERNE Patrice

incertain regard – N°15 – Novembre 2017

Il n’avait pas fait trois pas

Il n’avait pas fait trois pas
Au milieu de la ville sans accueil
Que déjà il se sentait dans un film comique
Klaxonné pour grimper aux lampes
Vu le souci des lumières

Hélas mieux vaut être chat noir qu’humain
Mieux vaut aspirer confiance
À une bouche d’égout

On se remet de l’absence des autres
On apprend à ne pas respirer
En filant dans un film d’emballage

Il superpose sa silhouette

Il superpose sa silhouette à celle
Inscrite sur un panneau à demi-effacé
Il ne sait plus quelle année
Il est passé par cette décalcomanie
Mais le corps ne tient pas exactement
Dans sa silhouette
Alors il s’affaisse en direction des herbes
Jamais assez folles

Il n’a plus à rougir
De sa dernière heure en retard

Il lui reste à suivre
Le passé d’une jeunesse éclaircie
Par la pluie

C’est le pays d’aucun désir

C’est le pays d’aucun désir
Qui nous intéresse
Savoir comment désormais
Des choses peu miraculeuses
Tiennent là sans l’ancrage des sentiments
Ou le brillant de la liberté

Regardez se reproduire les manèges
D’une génération spontanée
La main de l’accueil est partout tendue
Comme un réflexe nain
Une fleur qui n’aurait jamais passé
Aucun seuil
Avant d’en finir avec les remords
Car même ses morsures sont des souvenirs de la chair