LAMARRE Géry

incertain regard – N°14 – Mai 2017

Sillonner vents et forêts

C’est sillonner le Temps
Et les silences

Temps vertical
des couches de feuillages
morts strates d’Histoires
grandes et infimes
en travail de mémoire

Temps vertical
de ces veilleurs
qui se trémoussent
cieux dans les cieux
avec cet entrain paisible
qui dépasse nos vies

Et le temps
horizontal
des vents
qui entraînent dans leurs bras
ces grands danseurs sans élan

 

Le cap d’Antibes
De l’Anse de l’argent faux à la baie dorée

1.

                Mi-lune
au clair du jour

               La mer claque ses draps
trempés d’écume
aux roches littorales
je progresse éclaboussé
les vagues trébuchant mon rivage

               Je suis les pas
de mes enfants
dans un paysage ivre de vie
tandis que la scansion des flots
l’odeur si singulière des embruns
enivrent ma marche

2.

               Ici la Terre enfanta le feu
celui-ci fondit les minéraux
et les eaux aux grands vents alliées
firent surgir dans la pierre
des glyphes anciens mystérieux

               Apparaissent plus loin
des jardins de stèles minérales
landes de bruyères
nuances de jaunes et verts
cristes marines
garoupes et passerines
réaniment le fané des roches usées

3.

               Le travail des hommes
œuvra aussi à ces limites incertaines
escaliers d’andésites
et roches scellées
dévers et vertiges
virages raidillons
le sentier
longe
sublime
notre frayeur

               Chaque pas est émotion
trouble grandiose
cœur à cœur qui bat la mesure
du rugissement des flots
marquant le tempo de notre finitude