Jean Perguet, Journal du dimanche 6 janvier 2019
Tu t’appelais Maria Schneider de Vanessa Schneider, Grasset, 2018.
« Tu étais libre et sauvage. D’une beauté à couper le souffle. Tu n’étais plus une enfant, pas encore une adulte quand tu enflammas la pellicule du « Dernier Tango à Paris », un huis clos de sexe et de violence avec Marlon Brando. Tu étais ma cousine. J’étais une petite fille et tu étais célèbre… », c’est ce moment de la vie de Maria Schneider qu’ont mis en avant la plupart des éditoriaux : Vanessa Schneider écrit un roman dans un style people où l’on se promène comme dans Closer ou Gala.
C’est sévère et ce n’est pas du tout ce que j’ai ressenti. Par l’usage d’un « Tu » qui m’a impliqué, moi lecteur, dans ces courts fragments autobiographiques construits comme autant de correspondances, comme des lettres à une absente presque inconnue de moi, j’ai retrouvé maints personnages — quels portraits ! — maints évènements, maintes anecdotes dans une tonalité qui ne m’a pas du tout donné l’impression de cautionner les épisodes d’un feuilleton « people » — mais comme je ne lis pas de presse people, je ne suis sûrement pas bon juge —, et a contrario, grâce auxquels j’ai parcouru à nouveau avec plaisir mon époque et avec contrition les fractures qu’elle a pu provoquer.