Jean Perguet, Journal du mardi 15 janvier 2019
Sur la lecture de Marcel Proust, Librio, 2013.
Appris que l’adaptation « Comme en soi-même » prévue à la bibliothèque n’aurait pas lieu. D’où l’envie de lire ce livre qui fait souvent référence quand on cherche un essai sur la lecture. Et là je tombe sur des passages fascinants comme celui qui compare l’amitié réelle à l’amitié du livre : « Sans doute, l’amitié, l’amitié qui a égard aux individus, est une chose frivole, et la lecture est une amitié. Mais du moins c’est une amitié sincère, et le fait qu’elle s’adresse à un mort, à un absent, lui donne quelque chose de désintéressé, de presque touchant. C’est de plus une amitié débarrassée de tout ce qui fait la laideur des autres […] nous mêlons tant de mensonges, sont stériles et fatigantes. […] Dans la lecture, l’amitié est soudain ramenée à sa pureté première. Avec les livres, pas d’amabilité. Ces amis-là, si nous passons la soirée avec eux, c’est vraiment que nous en avons envie. Eux, du moins, nous ne les quittons souvent qu’à regret. »
D’autres sont plus complexes, plus érudits. J’aurais été vraiment heureux de voir quelle adaptation, quelle mise en voix, aurait été faite pour transformer ce texte, souvent magnifique, où la phrase longue proustienne règne souvent, en « performance » théâtrale. J’ai commencé ce livre sur ma tablette mais je suis allé acheter la version papier, un de ces petits Librio bon marché qui rendent la lecture accessible à tous, pour en faire à mon tour ma propre et ludique adaptation, à lire et utiliser en atelier.