Jean Perguet, Journal du dimanche 10 février 2019
Quelques-uns de Camille Laurens, POL, 1999.
Bon ! Reconnaissons-le, en ce moment mes lectures sont guidées par ma formation d’animateur d’atelier d’écriture et pas seulement par cette décision, « bonne » résolution de me consacrer à la lecture de correspondances et de journaux. Lors d’une séance sur le lien entre lecture et écriture, sur la poïétique des mots, la découverte d’une préface qui interpelle, l’écriture comme forme de deuil, ici dans ce qui est le plus terrible, le deuil d’un enfant. La même force et le même malaise — mais la lecture est souvent source d’inconfort — que lorsque j’avais lu le roman de Bernard Chambaz, Martin cet été. Et aussi un texte remarquable sur la lecture et l’écriture et comment, au-delà des drames, elles se nourrissent mutuellement.
Puis des essais sur des mots ordinaires, une tresse de citations d’auteur et de réflexion personnelle certes intéressantes, créatives mais parfois, à mon goût, comment dire, un peu prétentieuses ou précieuses, j’ose le mot « absconses », le risque terrible, quand l’érudition prend le pas sur la compréhension.
Et, car c’est quand même un livre à lire au-delà de sa magnifique et émouvante préface, quelques essais superbes, comme le chapitre dédié au « On », « On, ce nous qui est tous et personne ». Là je suis retombé sur mes pieds, je m’y suis retrouvé. La force du « On », effectivement moi parmi nous.