La nuit juste avant les forêts

Jean Perguet, Journal du samedi 19 janvier 2019

La nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès, Editions de Minuit,1988.

Un ravissement au démarrage puis un ravissement (littéraire car sinon c’est sordide) à la fin et entre les deux ­ — est-ce la forme, ce monologue, ce soliloque qui s’envole, se louvoie — j’ai eu beaucoup de mal à canaliser ma pensée, à la focaliser sur ce que je lisais, car je soliloquais à mon tour pris dans mes propres interrogations personnelles, littéraires, politiques ; j’étais obligé de revenir en arrière, me glisser entre une virgule et un tiret cadratin. C’est une lecture buissonnière qui me fera arriver à la nuit, juste après les forêts, à la gare d’Achères, mon terminus, sans avoir été moi-même agressé, mais bizarrement après avoir imaginé la veille un court texte, brut, tout aussi violent, mais est-ce en réaction prémonitoire, en phrases courtes, hachées, sur une agression dans le même RER, juste avant la gare, dans la traversée de la forêt.