Couleurs de l’incendie

Jean Perguet, Journal du samedi 23 février 2019

Couleurs de l’incendie de Pierre Lemaitre, Albin Michel, 2018.

Que j’avais aimé Au revoir là-haut : originalité, humanisme, picaresque, humour, couleur, rythme. Et pour moi la découverte de cet auteur connu pour ses romans policiers (un genre que je ne fréquente guère par ignorance sûrement).

C’est donc avec envie, plaisir d’avance, que nous nous sommes lancés dans Couleurs de l’incendie en version audio lue par l’auteur. 17 heures qui doivent animer plusieurs heures de conduite sur les autoroutes quand on ne craint pas trop de se laisser distraire.

Déception. Est-ce la lecture ? Je ne crois pas. Pierre Lemaitre est un bon lecteur même s’il n’arrive pas… à la bouche de certains acteurs. Mais un manque de rythme, l’absence des décors, des ambiances radicales du premier tome de la trilogie promise. Je m’ennuie, Chantal partage cet avis (comme la route) sans toutefois se décider à couper car l’envie de connaître la suite reste vive. Une curiosité dont l’assouvissement traînerait en longueur. Heureusement à mi-parcours cela s’accélère enfin, le dépaysement croît et je retrouve un peu le bagou du premier livre.

La bonne surprise vient des extras : l’enregistrement est accompagné de la lecture de la postface, les sources biographiques de l’ouvrage et surtout d’une excellente interview. Pierre Lemaitre y parle de cette envie de trilogie où dans chaque volume il souhaite tirer le fil de ce que pourrait être la vie d’un personnage secondaire du précédent. Il parle aussi de la recherche historique qui accompagne son travail et du regard critique qu’il demande, pour chacun, à un historien ou une historienne, cherchant à coller à l’époque, à l’esprit de la grande histoire plus qu’à respecter fidèlement la petite histoire. Enfin l’influence qu’a sur lui le roman du XIXe siècle, ces feuilletons à la Jules Verne, dont il essaye de garder la structure allant de rebondissement en rebondissement, d’énigmes en solutions. Et pour finir un court exposé, essentiel, sur la différence entre roman policier et roman noir.
Finalement, c’est ce que j’ai préféré de cette écoute.