Le cycle de conférences de géologie Achères sous nos pas, entamé il y a deux ans, s’est poursuivi le 13 octobre avec la conférence Calcaires – meulières, relations insoupçonnées.
Plus de cinquante personnes se sont réunies pour écouter les géologues Claudine et Michel Guillemin, qui ont d’abord explicité les différents types de calcaires et leurs principales caractéristiques. A Achères le calcaire date d’il y a environ 50 millions d’années (époque du Lutétien), époque à laquelle une mer peu profonde était présente localement. Le calcaire est encore visible aujourd’hui dans certaines constructions, comme le mur qui borde la forêt et qui date de 1820.
Progressivement la mer a disparu, le climat a évolué, et le calcaire lacustre s’est ainsi retrouvé à l’air libre, ce qui provoqué un phénomène d’épigénisation (transformation de la structure d’un minéral) : apparition de silice due à la décalcification du calcaire, désilification des grés fluviatiles et éoliens postérieurs au calcaire lacustre, pour constituer ce qu’on appelle la meulière.
On trouve deux sortes de meulières dans le bassin de Paris, dont l’affleurement correspondant à la meulière de Montmorency, présente notamment sur la butte de l’Hautil. Les géologues sont revenus sur l’exploitation de la meulière par l’homme, en premier lieu de façon artisanale dès le XIIIe siècle, puis industriellement comme à la Ferté-sous-Jouarre (77) au XIXe siècle, d’abord pour fabriquer des meules, puis des moellons pour des constructions, comme celle des fortifications de Paris de 1841.
En 1891 l’architecte Guimard est le premier à utiliser la meulière, non pas pour des soubassements ou des souterrains, mais pour construire des maisons. Par association, le terme « meulière » désigne aujourd’hui ces bâtiments remarquables, comme on peut en trouver à Achères. La promenade proposée deux jours plus tard a ainsi permis au public de redécouvrir ces constructions dans la ville, d’examiner les murs des jardins et des habitations en calcaire, et de bénéficier des explications des géologues sur le terrain.
Aline Mouy, bibliothécaire