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Poèmes extraits de :
La paix saignée précédé de
Contrées du corps natal
Editions Obsidiane
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Une pêche à la main, je rencontre
un inconnu, qui tient une pêche à la main.
Entre nous se dessine un arbre
sur le trottoir peuplé, dont les passants
soudain forment verger, avec sous leur peau l’aubier tendre.
Place de la Couture Saint-Gervais
on retourne aux cultures paysannes de jadis, sous un grand ciel.
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L’atroce
on ne sait plus l’énumérer. Bateaux à déroutes
camps de réfugiés. Ceux de la mort.
Files de fuyards parmi des cadavres
au nez coupé
comme la dialectique de l’histoire.
Passagers du métro ou des trains, en éclats de bombe.
Notre Vie, notre louve
on l’imite, on est
mâchoires, griffes, on déchire
à son image, avant d’aller au trou.
Trou plus trou, quelques ‑ uns font bosses
dans le cimetière juif de Prague.
On n’élèvera pas de maison
plus habitable.
mais
au moins cela :
crier le cri.
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Je détaille
ton corps aimé : lèvres, cuisses, face.
Je célèbre chaque partie
je la rattache aux océans, aux fleuves.
Vainement.
Un désert en moi
sèche le cosmos.
Si je voyais entière une seule herbe
ce serait
assez pour la globalité du monde
mais tout ce dit
à force de fragments blessés
Si ce n’est que l’amour
peut quelquefois tracer dans l’air ce corps, de l’entaille à la peau.
in La paix saignée @ Obsidiane
Ces textes sont d’abord parus sur www.incertainregard.fr, site créé par le poète Hervé Martin en 2002. Ce site contient les écrits parus dans la revue de 1997 à 2015.
La municipalité devient l’éditrice d’incertain regard en 2015, avec une nouvelle adresse : www.incertainregard.net
Les textes ont été reproduits à l’identique.