Tombeau pour un diptère
Cet insecte séché
- – éphémère, phalène, anophèle, je ne sais
comme gravé sur le papier
le filigrane d’une tombe
l’incertain entrelacs des pattes étoilées
voici le lin qui couvre
le très jeune homme nu
la vesture éployée
que suce le soleil.
J’envie l’insecte à l’écrasant tombeau :
Gongora tissa son linceul.
A Serge Daney
Vinrent alors les ombres
graves comme des sœurs
à sa rencontre
douces dans la sollicitude
mais lui pas moins seul
croyait toucher à leur passage
la terreur du vertige
les écharpes obscures.
A Gilles Deleuze
Mauvais jour du mois mauvais
malgré l’or du saule et le sang de la vigne
le givre écrase l’herbe rare
Tombe avec le soir la nouvelle de votre suicide
on parle d’une longue maladie
à laquelle vous auriez mis fin
Qui est-il celui qui souffre trop
trop mal qui se défenestre ?
Cette souffrance retournée
sur soi
révèle ce me semble
l’énigme de votre ongle
si long qu’il s’achevait d’un étrange rouleau de corne
Pas de griffe
mais pour vous signer
je songe au soin de la spirale.
Ces textes sont d’abord parus sur www.incertainregard.fr, site créé par le poète Hervé Martin en 2002. Ce site contient les écrits parus dans la revue de 1997 à 2015.
La municipalité devient l’éditrice d’incertain regard en 2015, avec une nouvelle adresse : www.incertainregard.net
Les textes ont été reproduits à l’identique.