incertain regard – N°21 – Eté 2022
Sous la surveillance du désert
Les poètes charognards du réel
négligent ce que le dicton dit
dans le taudis de son message
Les poètes leurs pieds tondent
tous les chemins du monde
Ils se rient des luxures de faunes
aphones glaviottants d’usure
Les ronces acérées qui pénètrent leur peau
leur impriment aussi l’amour de vivre
La longueur de chacun de leurs jours
se compte en ères ou en siècles
mais leurs fleurs blanches voguent
sans éternité
Ils ne dissimulent pas leur visage
pour mieux mesurer la brise sur leur joue
s’il le faut ils pourlèchent la peste
pour cristalliser la gemme non encore formée
Leurs yeux s’allongent loin de l’ankylose
de nos lentes gestations encore inachevées
Ils décrivent la porosité des parois de nos mondes clos
Ils recueillent une goutte de rosée au fond d’une corolle
fugace en rêvant qu’elle fera tout refleurir
Sensation de voyage
La mer a rincé le soleil brûlant
sous le bec pointu des oiseaux blancs
La lumière du soleil était plus astringente
que le vent
sans que le temps ne se dilate
Ne pouvoir fraterniser avec les rochers
Connaître de vos rêves quelques plis d’éventail
sourires trop brefs qui ne peuvent s’allonger
Ne pouvoir jamais habiter votre île
tandis que la viande pleure dans les abattoirs
Sous le bec pointu des oiseaux blancs
gratter le salpêtre de soi-même
des murs se rongent
Il meurt de beaux crépuscules
qui n’ont jamais connu l’aube
de l’immense oubli futur
L’amour était un jeu d’optique
dans une brèche de l’espace
La mer a rincé le soleil brûlant