Jean Perguet, Journal du mercredi 26 décembre 2018
Neuf histoires et un poème de Raymond Carver, Editions de l’Olivier, 2018.
C’est grâce à une proposition de François Bon pour son atelier d’écriture d’hiver que j’ai réellement fait attention à Raymond Carver, un écrivain américain (1938-1988) qui n’aurait publié que des textes courts (nouvelles et poésie) que parce qu’il n’avait pas le temps d’écrire autre chose, pris par son travail, ses enfants (père à 19 ans), ses études puis peut-être l’inconstance d’un alcoolisme héréditaire qu’il soignera avec les Alcooliques Anonymes.
Est-ce son écriture minimaliste, épurée, son obsession de s’inspirer de la vie des gens ordinaires, cette construction radicale d’une vie teintée de médiocrité qui bascule soudain, qui m’a profondément ému. Je ne pouvais rester indifférent à ce mélange d’observation et de fiction. Une manière de regarder le monde à la Duras, à la Ernaux, une écriture nette, précise, mais baignée de l’élément fictionnel qui caractérise la nouvelle. Calé dans mon fauteuil, j’ai démarré ce petit recueil, limité aux 9 récits qui ont inspiré le film « Short-Cut » de Robert Atman — je comprends pourquoi — et ne l’ai plus quitté pour ne pas sortir de cet univers sombre — drôle d’idée pour des journées de Noël, mais qui me convient parfaitement tant je n’aime pas cette fête dénaturée de sa spontanéité — en me promettant que j’irai voir sur le site de l’INA comment un cinéaste s’est emparé de ces sujets, comment il a su offrir une « unité filmique » à 9 textes et plusieurs personnages distincts.
Et j’y ai puisé un sujet d’inspiration, on dit de motivation, pour le cycle d’ateliers que je vais proposer au deuxième trimestre 2019 au Café Littéraire, et que mes stagiaires et moi avons nommé : Café noir.