Jean Perguet, Journal du samedi 23 mars 2019
La poésie, c’est autre chose de Jacques Bonnaffé, Fayard, collection Les petites conférences, 2017.
Fin de la lecture à la Comédie de Picardie. Je traîne pendant que Jacques Darras dédicace et que Jacques Bonnaffé remercie un admirateur d’une boutade, parfois d’un vers puisé dans l’immense répertoire qu’il a en tête.
Et là je tombe, sur le comptoir de l’accueil, sur un petit livre de Jaques Bonnaffé — tiens, il écrit aussi ? — La poésie, c’est autre chose. Court format car c’est du script d’une conférence qu’il s’agit. Curieux que cela ne soit pas indiqué sur la quatrième de couverture, mais l’éditeur a peut-être peur de faire fuir les lecteurs d’autant plus que ce livre est destiné à des jeunes, ados ou jeunes adultes.
Poésie et conférence sont-ils incompatibles ? Peut-on faire une conférence poétique ?
Poétique et poïétique ! C’est bien d’elles que parle, sans les nommer, le conférencier.
Et pour cela il fallait Jacques Bonnaffé qui — parce qu’il n’est pas poète mais collecteur, touilleur, commentateur sincère et délicieusement irrespectueux, déclamateur enthousiaste et acrobatique des textes des autres, de toutes époques, de toutes écoles, de toutes tendances, bref parce qu’il n’est pas poète écrivain mais poétiquement acteur vivant et vivifiant — a toute la légitimité, la pertinence, la simplicité « d’être chargé d’exposer un monde ou ce qu’il en sait. Expliquer une activité spirituelle, un art, une occupation, un détour capricieux, un truc rare et courant, oublié mais omniprésent, et qui donne un peu l’air de vouloir éviter les définitions commodes. La poésie, c’est autre chose… »
Un livre donc à partir d’une petite conférence écrite « pour les jeunes, pour les petits mais aussi pour les grands » — comme me le dédicace Jacques, surpris de cet achat. Ce que je suis et espère que nous sommes tous, lorsque nous fréquentons physiquement, lisant à voix haute, dans une impulsion incontrôlable, les poètes.
Voix haute que j’imagine, que j’entends, tant ce petit livre est porté par l’incroyable présence sur scène de Jacques Bonnaffé, le diseur de poésie.
À faire venir à la bibliothèque pour une séance Jeunes… et moins jeunes.