PALOU Thérèse

incertain regard – N° 16 – Eté 2018

Carte blanche à Hervé Martin

Thérèse Palou

Poèmes

L’homme, funambule de chair et d’eau
au balancier de nuages et de temps,
face à de telles évanescences,
dresse pyramides et mausolées.

Ses rêves d’immortalité jonchent
la terre et l’histoire de cadavres.

De ne pouvoir se penser
fragile esquisse toujours ébauchée,
en quête incessante,
il brise les battements de son âme
et détruit les infinis qui l’habitent.

 

Chanter et célébrer couleurs,
horizons,
pans du ciel et arpents de terre.
En faire jaillir rythmes et harmonies aussi fugaces
que les étoiles filantes
qui disent leur éclat à l’instant de la mort.

Laisser l’eau couler et les nuages filer,
ne retenir
ni le vent
ni le temps.
Et de la vie et de la mort,
savoir tout ignorer.

Fêter les moissons accordées
et continuer le chemin.

 

La rondeur des épaules,
l’enfant encore à l’orée de la femme,
ce rire filé
sous les doigts blancs ;
l’exquise flexibilité de la nuque.
Traces de seize ans, si vite éparpillées.

Du battement de tes cils à la danse tourbillonnante,
pieds nus frappant le sol, le temps au rythme de ton corps,
gerbes d’or,
parler aux étoiles.
Vertiges singuliers au cœur d’un universel cosmique.
A portée de cœur
le temps se dénude en fulgurances.

 

Dès l’aube
tôt levée,
elle rêve.

Elle pose
le silence
entre
cinq pétales
et
quelques notes

Elle oublie la pagination du temps
et les appuis de l’espace.
Son chant recèle d’éphémères épiphanies.

 

Aller ramasser le ciel avec des mots,
en revenir bredouille,
des silences pleins les poches,
les yeux éblouis,
des éclats d’étoile au bout des doigts.

Parcourir
les champs du ciel
à grandes enjambées,
la tête vide
le cœur plein.
Se poser près d’un nuage,
s’en vêtir d’un geste vif.
Ecouter
le récit d’une pluie d’été.

 

Ces poèmes sont extraits de livres d’artiste conçus et réalisés par Klasien Boulloud, plasticienne.