Elles sont venues par trois,
sœurs de l’herbe caressée,
filles de l’air et du roi.
Plaqueminier au long été,
dont le kaki était la loi,
quel cœur secret caches-tu ?
Le roi maintenant est nu.
Elles sont venues par trois,
la nuit en passant sa main
les a couchées sur le blanc
du papier qui les froisse
en les glissant sur les carreaux,
qui les glisse en les froissant –
et ce stylo fait neiger la nuit.
La nuit prend la ville dans ses bras.
Lune, pupille de chat ;
étoiles, confettis suspendus…
Vous veillez sur tout l’amour
que les reines ont donné aujourd’hui –
sans espérer de retour,
mais se sachant appelées.
Appelées à continuer
leur petit tour de monde
du jardin à la porte
jusqu’à ce que porte s’ouvre
pour entrer dans la maison
frapper le bas des escaliers
en se relevant par instants.
Cet adieu qui les ouvre
à un petit cri aigu –
quand tu marches dessus.
C’était sa dernière vie :
la feuille du plaqueminier
au paradis des feuilles
devient ange de papier.
Le froid, ce méditant,
a ridé le chemin d’un livre d’eaux.
La pluie a tressé des larmes
qui ont gelé au matin.
J’écris à une femme sans nom
sur la vitre sur le ciel
le soleil lit mon poème.